Incidence des odeurs alimentaires sur l'activation du réflexe de succion chez le nouveau-né prématuré

Auteurs: 
M. Haddad, D. Bureau, C. Carer, L. Rappaport, L. Roullier-Gall, D. Brault, L. Marlier
Spécialité: 
Orthophonie
Mots clés: 
Odeurs alimentaires, réflexe de succion, prématuré
Année: 
2010
Publication du mois: 
Non

Les orthophonistes sont de plus en plus souvent consultés par d'anciens prématurés, en particulier ceux ayant séjournés longuement en réanimation néonatale, pour divers troubles de l'oralité: difficulté à ingérer certains aliments, bavage, réflexe nauséeux, troubles de la déglutition, etc.(1,2). Ces enfants, dont le nombre est en constante augmentation, ont été confrontés au cours des premières semaines de vie à une expérience orale et sensorielle qui diffère radicalement de celle d'enfants qui naissent à terme. Ainsi, chez le foetus, la coordination succion-déglutition est observable dès la 30e semaine d'aménorrhée (SA), et est acquise grâce à l'ingestion régulière de liquide amniotique (environ 1 litre par jour en fin de grossesse). Or, les enfants grands prématurés séjournant en incubateur sont souvent nourris par l'intermédiaire d'une sonde gastrique et ne bénéficient pas d'un tel entraînement des activités buccales. Cette absence de stimulation n'entretient pas le réflexe de succion et complique la mise en place de la coordination succion-déglutition; si bien que l'alimentation par voie orale n'est habituellement démarrée qu'autour de la 34e SA et souvent avec difficultés. Par ailleurs, les expériences sensorielles que rencontrent les enfants prématurés autour de la sphère orale sont parfois désagréables voire douloureuses notamment lors de certains soins (aspirations répétées, pose de sonde d'intubation, de sonde naso ou oro gastrique, par exemple). Au total, ces stimulations manquantes et inappropriées au niveau de la zone buccale, peuvent entraîner un véritable désinvestissement de la bouche, des difficultés de prise alimentaire, certains dégoûts, et parfois même un refus de s’alimenter. Afin de prévenir ces troubles alimentaires et veiller au bon développement de l’oralité des bébés nés prématurément, les orthophonistes proposent dans les unités de néonatologie des programmes de stimulation de la sphère orale. Ces programmes sont composés le plus souvent de stimulations tactiles, à réponses motrices ou fonctionnelles, qui s'appuient sur l'activation des réflexes « de survie » comme le réflexe de Hooker, par exemple, en supposant que ces stimulations entraînent des coordinations nouvelles qui seront à la base d'une bonne prise alimentaire. Dans nos travaux, en plus de l'utilisation de ces programmes de stimulation tactile, nous essayons de trouver des stimulations qui activent les composantes de la succion dans leur globalité. Nous nous sommes ainsi intéressés à une autre modalité sensorielle, l'olfaction, qui tient une place importante dans l'appréciation des aliments et intervient dans le déclenchement des comportements pré-ingestifs et ingestifs chez le nouveau-né à terme. L'enfant prématuré perçoit-il les odeurs alimentaires ? Certaines odeurs alimentaires peuvent-elles activer le réflexe de succion et faciliter la transition vers la prise alimentaire par voie orale ? Dans la suite, nous tentons de répondre à ces questions.

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